Sous un soleil de plomb qui transformait les arènes en véritable fournaise, Boujan a célébré ce week-end un événement marquant dans le monde de la tauromachie : le cinquantième anniversaire de l’élevage Turquay. Une journée contrastée qui laissera aux aficionados présents un goût d’inachevé, malgré quelques moments de grâce.
Une novillada aux multiples visages
La corrida de l’après-midi s’est déroulée dans une arène à moitié remplie, chaleur oblige. Six novillos de Turquay, bien présentés mais aux comportements et forces variables, ont mis à l’épreuve trois jeunes toreros aux parcours prometteurs.
Juan Molas, premier à fouler le sable, n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu face à des adversaires exigeants. Malgré quelques séries de naturelles bien exécutées, le torero n’a pas trouvé la connexion attendue avec le public. Résultat : silence aux deux novillos.
Pedro Luis a connu un sort similaire avec son premier adversaire, mais a su se ressaisir lors de sa seconde prestation. Plus concentré, plus technique, il a livré quelques passes de qualité qui lui ont valu les applaudissements du public lors de son salut final.
Juanillo, pourtant attendu avec impatience par les connaisseurs, n’a pas réussi à concrétiser les espoirs placés en lui. Confronté à des novillos compliqués, il a dû se contenter du silence pour ses deux passages.
L’estocade, cette science complexe
Le bilan de cette corrida, marqué par trop de silences, s’explique en grande partie par les difficultés rencontrées par les toreros au moment crucial de l’estocade. “La vérité du torero se révèle toujours dans ce moment décisif”, rappelle souvent les puristes.
Plusieurs prestations qui auraient mérité meilleure fortune ont été rabaissées par un coup d’épée mal ajusté ou hésitant. Une leçon que ces jeunes matadors devront méditer pour leurs prochaines prestations.
Un hommage à l’histoire de Turquay
Point d’orgue de la journée, l’hommage rendu aux ganaderos de l’élevage Turquay pour leur demi-siècle d’existence. La cérémonie, émouvante et solennelle, a vu la remise d’un tableau signé Jean Germain aux éleveurs visiblement touchés par cette marque de reconnaissance.
Cinquante ans à sélectionner, élever et façonner une lignée de toros qui a marqué de son empreinte les arènes françaises et espagnoles. Un travail d’orfèvre que seuls les vrais aficionados peuvent pleinement apprécier.
La matinée des espoirs
La session matinale, dédiée aux plus jeunes espoirs, s’est déroulée dans une ambiance intimiste, avec environ un quart d’arène occupé. Trois erales de Turquay, bien présentés mais au comportement plutôt compliqué, ont mis à rude épreuve les jeunes toreros.
David Galvín, malgré sa volonté évidente, n’a pas réussi à dompter son adversaire et a dû se contenter du silence.
Baptiste Angosto, lui, a tiré son épingle du jeu avec brio. Face à un animal difficile, il a démontré une maturité surprenante pour son âge, ce qui lui a valu l’honneur d’une vuelta, tour d’honneur apprécié par le public.
Simon Sabadel a conclu cette matinée avec une prestation honorable face au toro le plus exploitable du lot, récoltant les saluts du public.
Cette journée contrastée à Boujan rappelle, s’il en était besoin, que la tauromachie demeure un art exigeant où rien n’est jamais acquis. Entre tradition et passion, l’élevage Turquay continue d’écrire son histoire, laissant aux jeunes générations de toreros le soin de perpétuer cet héritage séculaire. Cinquante ans et toujours cette même question qui flotte dans l’air chaud des arènes : quelle sera la prochaine page de cette aventure taurine ?