Sous un soleil de plomb, les arènes du Courant à Mimizan ont accueilli ce samedi 28 juin une corrida qui a dû faire face à une double concurrence : la canicule qui sévissait dans la région et le match de rugby Bordeaux-Toulouse que personne ne voulait manquer dans ce pays de “béchigue”. Malgré ces obstacles, plus d’une demi-entrée a garni les gradins de cette arène fraîchement rénovée, nichée dans un cadre idyllique de pinède.
Un lot de Pagès-Mailhan aux qualités inégales
L’élevage Pagès-Mailhan présentait un lot disparate avec quelques beaux exemplaires et d’autres plus discrets. Un incident a marqué la corrida lorsque le quatrième toro, un beau jabonero, s’est cassé une corne à sa sortie, nécessitant son remplacement. Ironie du sort, le sobrero s’est avéré être le plus complet du lot.
Dans l’ensemble, les six toros se sont montrés plutôt austères : le premier sur la défensive, le second noble, le troisième sans transmission, le quatrième vibrant, le cinquième brave mais vite arrêté, et le sixième, plus complet mais qui n’a pas duré assez longtemps dans le combat.
Morenito de Aranda : l’expérience au service de l’art
Le maestro Morenito de Aranda a montré toute l’étendue de son professionnalisme. Face à son premier adversaire aux intentions douteuses, il s’est montré prudent, peut-être trop, ce qui lui a valu quelques difficultés au moment de conclure.
C’est avec son second toro, le plus propice de la journée, qu’il a pu déployer tout son talent. Après de belles véroniques, sa faena de muleta, sobre mais engagée, a progressivement gagné en intensité, créant une véritable connexion avec le public. Cette prestation lui a valu une oreille bien méritée après une estocade en deux temps.
Juan de Castilla : révélation colombienne
Belle découverte pour le public mimizannais que ce jeune torero colombien. Juan de Castilla a fait sensation avec un style parfois peu orthodoxe mais terriblement enthousiaste. Dès ses premières chicuelinas à la cape, il a su captiver les gradins.
Sa première faena, débutée à genoux au centre de la piste, a immédiatement emporté l’adhésion du public. Son travail, plus habile que profond, a néanmoins séduit par son engagement et le charisme naturel du torero. “C’est dans sa conclusion par manoletinas données à genoux que le Colombien a véritablement fait sensation”, notaient les aficionados présents. Une oreille a récompensé cette prestation pleine de promesses.
Plus discret face à son second toro, peu propice au triomphe, il a préféré abréger après quelques tentatives.
Samuel Navalón : des attentes non comblées
Annoncé comme le futur phénix de l’escalafón, Samuel Navalón a laissé le public sur sa faim. Face à son premier adversaire, il est vrai difficile, il s’est montré particulièrement discret.
Avec le sixième toro, il a tenté de se racheter en montrant qu’il était un muletero sûr, mais sa faena interminable (un avis durant le travail de muleta) a lassé le public, déjà préoccupé par le match de rugby qui allait commencer. Des difficultés avec l’estocade (deux avis) ont achevé de compromettre sa prestation.
L’avenir de la tauromachie à Mimizan
Cette corrida dans la “Perle de la Côte d’Argent” représente un véritable défi pour les organisateurs et les bénévoles qui s’investissent corps et âme pour maintenir la tradition taurine dans cette région. Comme le soulignent les connaisseurs, Mimizan reste une “terre de mission” pour la tauromachie espagnole, où rien n’est acquis.
À l’heure où les arènes se vidaient sous le soleil couchant, une question flottait dans l’air marin : comment attirer davantage de spectateurs l’année prochaine ? Car si la qualité était au rendez-vous dans le ruedo, l’affluence, elle, aurait mérité d’être plus importante pour cette fête taurine qui continue de faire battre le cœur de la côte landaise. Seront-ils plus nombreux à braver la chaleur et les autres distractions lors de la prochaine édition ? Les aficionados l’espèrent, comme un acte de foi envers cette culture ancestrale qui résiste au temps.