La corrida de Miura qui clôturait la feria d’Algeciras cette année a suscité des attentes élevées parmi les aficionados. Avec un lot de taureaux bien présentés mais manquant de forces, c’est Esaú Fernández qui s’est particulièrement distingué, confirmant ainsi sa maîtrise face à ce prestigieux élevage.
Un lot de Miura visuellement impressionnant mais physiquement limité
Les taureaux de Miura, élevage mythique et redouté dans le monde de la tauromachie, étaient au rendez-vous pour la clôture de la feria d’Algeciras. Leur présentation physique imposante a d’emblée impressionné le public des arènes. Cependant, dès les premiers instants du spectacle, un constat s’est imposé : malgré leur allure, ces animaux manquaient cruellement de forces.
Cette faiblesse a considérablement influencé le déroulement de l’après-midi, limitant parfois les possibilités offertes aux matadors. Un paradoxe typique des corridas modernes : des taureaux magnifiques à l’œil mais dont la puissance ne correspond pas toujours à l’apparence.
El Cid : quand l’expérience parle face au quatrième taureau
Le vétéran El Cid a démontré tout son savoir-faire face au quatrième taureau de la corrida. Profitant des qualités de cet animal, le matador a pu déployer son répertoire avec une aisance remarquable. Son “toreo a placer” a rappelé pourquoi il reste une référence dans la profession.
Sa performance technique, précise et maîtrisée, a été l’une des séquences les plus appréciées de l’après-midi. Sans pour autant déclencher un triomphe majeur, El Cid a offert des moments de tauromachie pure qui n’ont pas manqué de susciter l’admiration des connaisseurs.
Esaú Fernández : le triomphe de la persévérance
Le grand protagoniste de cette corrida a incontestablement été Esaú Fernández. Face aux redoutables Miura, il a fait preuve d’une détermination et d’une volonté exemplaires qui lui ont permis de construire progressivement son triomphe.
Fernández a su s’adapter aux caractéristiques de ses taureaux, tirant le maximum de ce qu’ils pouvaient offrir malgré leurs limitations physiques. Son engagement et sa technique lui ont valu les faveurs du public et des commissaires, confirmant ainsi sa réputation d’excellent interprète face aux taureaux de Miura.
Ce succès n’est pas une première pour lui avec cet élevage, ce qui renforce sa crédibilité comme spécialiste de ces taureaux particulièrement exigeants. Sa sortie par la grande porte vient récompenser non seulement sa prestation du jour, mais aussi son parcours cohérent face à ce fer prestigieux.
Fortes : solide mais sans opportunités décisives
Le troisième matador de l’affiche, Fortes, n’a pas eu l’occasion de briller autant que ses collègues. Les taureaux qui lui ont été attribués ne lui ont pas offert les possibilités nécessaires pour construire un triomphe significatif.
Néanmoins, il a démontré sa solvabilité et son professionnalisme face à cet élevage réputé difficile. Sa prestation, bien que moins spectaculaire, a confirmé sa capacité à affronter avec rigueur et méthode les Miura, une qualité rare qui mérite d’être soulignée.
Algeciras : une clôture en demi-teinte
Cette corrida de clôture de la feria d’Algeciras laisse un sentiment mitigé. Si la présentation des taureaux était à la hauteur de la réputation de l’élevage Miura, leur manque de forces a indéniablement limité le potentiel du spectacle.
Malgré ces contraintes, les trois matadors ont su faire preuve de professionnalisme, avec une mention spéciale pour Esaú Fernández dont le triomphe vient illuminer cette dernière journée. Les aficionados repartent avec quelques belles séquences en mémoire, même si l’ensemble n’a peut-être pas atteint les sommets espérés.
Alors que le cycle taurin d’Algeciras se referme sur cette corrida de Miura, une question demeure pour les prochaines éditions : comment concilier la présentation impressionnante des taureaux avec la force nécessaire pour garantir un spectacle complet? Un défi qui dépasse largement le cadre de cette arène et interroge l’avenir même de la tauromachie contemporaine.